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Avalonia, l’Ă©trange voyage – les coulisses du film

« J’ai toujours aimĂ© les grands rĂ©cits d’aventure, surtout ceux oĂč les explorateurs
dĂ©couvrent un monde dont nul ne soupçonnait l’existence. »

Don Hall, rĂ©alisateur d’Avalonia, l’étrange voyage

Avalonia, l’étrange voyage – la fiche technique

WALT DISNEY STUDIOS ANIMATION

  • RĂ©alisateurs : Don Hall et Qui Nguyen
  • ScĂ©nario : Qui Nguyen
  • Photographie : Tracy Scott Beattie & Brian Leach
  • DĂ©cors : Mehrdad Isvandi
  • Montage : Sarah K. Reimers
  • Musique : Henry Jackman
  • Direction de l’animation : Amy Lawson Smeed & Justin Sklar
  • Production : Roy Conli
  • Production dĂ©lĂ©guĂ©e : Jennifer Lee
  • DurĂ©e : 1h42

Avalonia, l’étrange voyage – l’histoire

Avalonia, l’Étrange voyage raconte comment les Clade – une famille d’explorateurs lĂ©gendaires – dĂ©couvrent un monde inexplorĂ© et peuplĂ© de crĂ©atures fantastiques.

Searcher Clade est un inventeur de gĂ©nie qui, Ă  l’adolescence, a dĂ©couvert une source d’énergie vĂ©gĂ©tale rĂ©volutionnaire. Il a plus tard crĂ©Ă© une exploitation agricole prospĂšre pour cultiver, rĂ©colter et vendre sa production, en compagnie de son Ă©pouse et de son fils. Le pĂšre de Searcher, Jaeger, a dĂ©cidĂ© trĂšs jeune d’ĂȘtre un explorateur lĂ©gendaire. Il a rĂ©ussi (une statue lui est mĂȘme dĂ©diĂ©e en ville) mais il a disparu lors d’une expĂ©dition et personne n’a plus entendu parler de lui depuis des dĂ©cennies. Le fils de Searcher, Ethan, est quant Ă  lui un ado de 16 ans Ă©panoui, drĂŽle et plutĂŽt travailleur. Il aide Ă  la ferme mais n’est pas sĂ»r de vouloir reprendre l’exploitation familiale. Les trois hommes de la famille sont trĂšs diffĂ©rents, ce qui est source de nombreuses disputes, mais ils ont aussi beaucoup plus de points communs qu’ils ne veulent bien l’admettre.

Le périple des Clade

Le pĂ©riple des Clade commence le jour oĂč la prĂ©sidente d’Avalonia, Callisto Mal, rend une visite surprise Ă  Searcher et son Ă©pouse Meridian pour leur annoncer une mauvaise nouvelle : le pando – la plante rĂ©volutionnaire que Searcher a dĂ©couverte des annĂ©es auparavant – est en train de perdre de sa vitalitĂ©, ce qui fait peser un grave danger pour tous les habitants. Ils doivent remonter jusqu’à sa source, sans mĂȘme savoir oĂč elle se trouve, pour assurer leur approvisionnement.

Leur voyage les mĂšne dans un monde dont personne ne soupçonnait l’existence, empli d’une myriade de crĂ©atures inconnues, Ă©tranges, merveilleuses ou carrĂ©ment dangereuses. Ils seront accompagnĂ©s dans cette aventure par un blob espiĂšgle et Legend, leur chien Ă  3 pattes. Mais la plus grande dĂ©couverte de ce voyage fantastique concerne surtout la dynamique familiale. Elle seule est susceptible de bouleverser leurs relations et leur avenir !

Avalonia, l’étrange voyage – notes de production

Les dĂ©cors des films des studios d’animation Walt Disney sont souvent fantastiques et imposants. Ils permettent de s’immerger au sein d’univers imaginaires, de Zootopie Ă  San Fransokyo, d’Arendelle aux jeux vidĂ©o en 8 bits, de Kumandra Ă  Corona. Mais aucun n’est aussi spectaculaire que celui d’Avalonia, l’Étrange voyage, un vaste monde souterrain plein de dangers et peuplĂ© de crĂ©atures bizarres.

« Cet univers extraordinaire est en fait une allĂ©gorie de notre planĂšte », explique Don Hall, l’un des rĂ©alisateurs du film. « L’idĂ©e de ce monde m’est venue en pensant Ă  celui que je vais laisser Ă  mes fils. En quoi est-il diffĂ©rent de celui dont j’ai hĂ©ritĂ© de mon pĂšre ? »

Relation pĂšres-fils

Il s’est Ă©galement attachĂ© Ă  montrer la relation entre les pĂšres et leurs fils, et leurs visions parfois diffĂ©rentes des choses. Il poursuit : « Je m’entends trĂšs bien avec mon pĂšre, qui est agriculteur. Je l’aidais sur des bricoles quand j’étais enfant. Et puis, Ă  14 ans, tout a changĂ©. Je devais faire des semis et tout un tas de choses de plus en plus compliquĂ©es qui ne m’intĂ©ressaient absolument pas. Ce n’était pas mon truc. Tout s’est bien terminĂ© mais je n’ai jamais oubliĂ© cette pĂ©riode dĂ©licate. Je me suis dit qu’il serait intĂ©ressant d’explorer les relations pĂšre-fils et la maniĂšre dont les attentes des parents – qu’elles soient conscientes ou inconscientes – encombrent parfois les enfants. »

Qui Nguyen, scĂ©nariste et corĂ©alisateur du film, se souvient de ses premiĂšres conversations avec Don Hall au sujet de l’intrigue : « J’ai Ă©tĂ© trĂšs surpris quand il m’a dĂ©clarĂ© que le film parlait avant tout des relations pĂšre-fils. J’ai moi-mĂȘme deux enfants et je me suis dit que c’était exactement ce que je voulais faire. C’est un sujet que j’avais besoin et envie d’aborder. »

Et de poursuivre : « De ce point de vue-lĂ , on s’identifiait parfaitement Ă  Jaeger et Searcher. Les pĂšres sont partagĂ©s entre les ambitions qu’ils projettent sur leurs enfants et le simple fait d’ĂȘtre papa. C’est quelque chose que comprennent probablement tous les artistes Disney et tous ceux qui ont de grandes ambitions. Une des choses qui nous motive avant tout, ce sont nos enfants, et on ne veut surtout pas perdre ça de vue. C’est ce que je vis, Don aussi, et c’est ce que vivent nos personnages. »

L’intrigue et les personnages

Le producteur Roy Conli estime quant Ă  lui que ce qui sous-tend l’intrigue du film repose sur la dynamique entre les personnages : « Les relations pĂšre-fils sont Ă  la fois trĂšs belles et sources de tensions. Je viens du thĂ©Ăątre. Quand j’étais plus jeune, ma piĂšce prĂ©fĂ©rĂ©e Ă©tait « Mort d’un commis voyageur » qui traite de cette problĂ©matique universelle. Mon pĂšre et moi avions une relation extraordinaire. Jusqu’à mes 15 ans, je le voyais comme un superhĂ©ros
 et puis je me suis rendu compte qu’il n’était pas infaillible. On s’est dĂ©chirĂ©s pendant une bonne dizaine d’annĂ©es mais on a heureusement rĂ©ussi Ă  surmonter nos diffĂ©rences. C’était un homme incroyable. Les pĂšres poussent leurs fils Ă  se dĂ©passer et les fils finissent par rejeter leurs pĂšres, avant de se rĂ©concilier avec eux. »

« Je pense souvent que le pando a eu le mĂȘme impact sur Avalonia que l’avĂšnement de l’électricitĂ© dans notre monde », reprend Roy Conli. « Il suffit de voir comment les choses ont Ă©voluĂ© en un demi-siĂšcle, entre 1880 et 1930, grĂące Ă  l’électricitĂ©. Quand les personnages dĂ©couvrent que le pando risque de disparaĂźtre, ça devient un moteur de l’intrigue qui va mener aux retrouvailles de Searcher et de son pĂšre Jaeger. »

Avalonia l’étrange voyage

C’est une comĂ©die pleine d’action, dans l’esprit des pulps, ces magazines et romans de gare qui ont longtemps Ă©tĂ© populaires aux Etats-Unis. « J’ai toujours aimĂ© les grands rĂ©cits d’aventures, surtout ceux oĂč les explorateurs dĂ©couvrent un monde dont nul ne soupçonnait l’existence », reprend Don Hall. « Les Ɠuvres de la fin du XIXe et du dĂ©but du XXe siĂšcles – les Jules Verne, H.G. Wells, Sir Arthur Conan Doyle – ont dĂ©fini le genre. Au cinĂ©ma, KING KONG est une autre bonne rĂ©fĂ©rence. Je voulais que ce film rappelle cet Ăąge d’or. »

Le parti pris artistique

Les principaux personnages du film sont issus de trois gĂ©nĂ©rations d’une mĂȘme famille. Ils sont accompagnĂ©s de deux personnages fĂ©minins forts qui prennent en charge l’expĂ©dition. « Il y a un baby-boomer, un millenial et un membre de la gĂ©nĂ©ration Z. C’est trĂšs amusant parce qu’avec un peu de chance, ça permettra aux spectateurs de mieux comprendre ses parents, ses enfants et ses grands-parents » espĂšre Roy Conli.

Certes, les familles ont parfois des dĂ©saccords mais chaque rĂ©cit digne de ce nom a sa part de conflits. Ici, Searcher va devoir se rĂ©concilier avec son pĂšre, mais aussi avec son propre fils, ce qui le prend au dĂ©pourvu. Cependant, les producteurs voulaient montrer que leurs rapports sont moins tendus qu’il y paraĂźt. « Les personnages Ă©taient animĂ© par des Ă©quipes diffĂ©rentes auxquelles nous avons demandĂ© de se mettre d’accord sur les traits de caractĂšre ou les gestes qu’ils ont en commun » explique Justin Sklar. « Je pense par exemple Ă  ce qu’on appelait leur ‘inspiration nasale disproportionnĂ©e’ dans les moments de stress ou de colĂšre, ou un froncement spĂ©cifique en cas d’anxiĂ©tĂ©. Quelques scĂšnes montrent bien ces similitudes comportementales. »

Des personnages aux teints variés

Les personnages ont en revanche des teints trĂšs variĂ©s. Le directeur de la photo Brian Leach et son Ă©quipe, qui Ă©taient responsables de la partie Ă©clairages, devaient s’assurer que chaque couleur de peau Ă©tait cohĂ©rente d’une scĂšne Ă  l’autre. Il dĂ©clare : « Nous avons passĂ© beaucoup de temps Ă  finaliser le teint de chacun de nos hĂ©ros. Le mĂ©rite en revient principalement aux concepteurs visuels qui travaillaient en Ă©troite collaboration avec Mason Khoo, le responsable de l’éclairage des personnages. Nous avons pris soin de ne pas trop Ă©clairer ceux qui avaient la peau plus mate et veillĂ© Ă  ce que les diffĂ©rentes spĂ©cularitĂ©s ne se traduisent pas par des tons trop dĂ©lavĂ©s ou Ă©dulcorĂ©s. »

Jin Kim souligne que les tenues des personnages Ă©taient censĂ©es provenir d’une rĂ©gion spĂ©cifique, mĂȘme si aucune rĂ©gion ne les a vĂ©ritablement inspirĂ©es. « Les vĂȘtements avaloniens rappellent ceux des fermiers du monde entier, qu’ils vivent en Europe, en Asie, dans l’Himalaya ou aux États-Unis. Ils sont trĂšs ordinaires mais nous leur avons ajoutĂ© une ceinture futuriste. »

Au sortir de la production de RAYA ET LE DERNIER DRAGON peuplĂ© de personnages plus rĂ©alistes, Don Hall avait envie de quelque chose de diffĂ©rent. « J’adore la BD franco-belge », explique-t-il. « D’un point de vue stylistique, c’était amusant d’incorporer ces influences Ă  l’univers Disney, ce qui n’avait encore jamais Ă©tĂ© fait. Ça correspondait assez bien Ă  l’idĂ©e de film d’aventure Ă  sensation. Nous avons donc combinĂ© ces deux influences. »

Jin Kim, directeur artistique des personnages, explique que l’équipe a analysĂ© diffĂ©rentes BD, de « Gaston » Ă  l’Ɠuvre de Didier Conrad : « Leur graphisme se caractĂ©rise par une abondance de courbes. Il n’y a presque pas de lignes droites. Les personnages ont des nez ronds et des yeux ovales. Ces deux Ă©lĂ©ments ont influencĂ© la conception de nos hĂ©ros ».

Amy Smeed, l’une des directrices de l’animation, ajoute que ses Ă©quipes se sont aussi inspirĂ© des classiques Disney de la fin des annĂ©es 1940 et du dĂ©but des annĂ©es 1950, comme LA BELLE AU BOIS DORMANT et PETER PAN. Il y a Ă©galement des allusions au moyen mĂ©trage « La LĂ©gende de la vallĂ©e endormie »(dans LE CRAPAUD ET LE MAITRE D’ECOLE)et MELODIE COCKTAIL dont le style est souvent proche de la caricature, avec des silhouettes et des gestes trĂšs prononcĂ©s. C’est toujours l’un des objectifs en matiĂšre d’animation : des silhouettes fortes et des formes plus allongĂ©es, en fonction du personnage. Dans Avalonia, l’Étrange voyage,les poses sont un peu plus exagĂ©rĂ©es que d’habitude. Ainsi allongĂ©es, elles permettent au public d’en profiter un peu plus longtemps.

Son confrĂšre Justin Sklar ajoute : « Le mouvement Ă©tait traitĂ© d’une maniĂšre particuliĂšre dans les annĂ©es 1940 : les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments n’étaient pas vraiment connectĂ©s les uns aux autres. A l’époque, on se souciait moins de l’exactitude anatomique et davantage de la fluiditĂ© du mouvement Ă  l’écran. »

Une famille de haut vol

SEARCHER CLADE

SEARCHER CLADE est un membre estimĂ© d’Avalonia, car il a dĂ©couvert une source d’énergie vĂ©gĂ©tale rĂ©volutionnaire, le pando. Il s’occupe du bon fonctionnement de l’usine qui fournit de l’énergie Ă  toute la communautĂ©. Mais c’est surtout un homme trĂšs attachĂ© Ă  sa famille : il aime surprendre son Ă©pouse Meridian en la faisant soudain virevolter dans la cuisine et il ferait tout pour son fils Ethan. Il a travaillĂ© dur pour assurer une existence paisible aux siens. En revanche, quand il n’est plus dans son Ă©lĂ©ment, il perd confiance en lui. « J’ai de grands ados et un pĂšre qui devient vieux », explique Don Hall. « Je comprends donc parfaitement ce que ressent Searcher parce que j’en suis au mĂȘme stade que lui. »

Searcher a rĂ©ussi Ă  sortir de l’ombre de son pĂšre, un grand aventurier, et trouvĂ© sa propre voie (tous deux ont d’ailleurs leur statue Ă  Avalonia). « Searcher est pris entre la lĂ©gende envahissante du plus grand explorateur de tous les temps et de ce qu’il a lui-mĂȘme crĂ©Ă©. Il s’est construit en opposition Ă  son pĂšre qu’il considĂšre comme un irresponsable », ajoute le rĂ©alisateur. « Il a tout fait pour ĂȘtre son contraire en faisant passer sa famille avant tout. »

« Je pense que Jake Gyllenhaal (la voix originale de Searcher) a parfaitement saisi les enjeux de cette histoire », dĂ©clare Don Hall. « Il y met beaucoup d’émotion. Il a trĂšs rapidement cernĂ© le personnage et s’est facilement adaptĂ© aux circonstances. Si par exemple on lui disait qu’un monstre gĂ©ant Ă  tentacules le poursuivait, il faisait travailler son imagination et il nous proposait des choses trĂšs drĂŽles. Il a apportĂ© beaucoup d’humour au personnage et les animateurs se sont inspirĂ©s de son interprĂ©tation. »

Jake Gyllenhaal confie : « Dans une famille, tout commence par la place qu’on prend au sein du groupe, les responsabilitĂ©s qui sont les nĂŽtres et l’empathie dont on fait preuve. Par consĂ©quent, le microcosme familial affecte le macrocosme du monde extĂ©rieur. La façon dont on prend soin de ce qui nous entoure a son importance. On ne peut pas en faire abstraction. Il est indispensable de savoir Ă©couter. Pour moi, le film parle notamment des questions environnementales, de ce que nous faisons Ă  la nature et, par consĂ©quent, de ce que nous nous faisons Ă  nous-mĂȘmes. Parce qu’au fond, je pense que la planĂšte survivra d’une maniĂšre ou d’une autre. Nous, en revanche, c’est moins sĂ»r. »

Et de poursuivre : « Je pense qu’en grandissant, on essaie pendant des annĂ©es de se dĂ©finir par opposition Ă  sa famille, mĂȘme quand on l’adore. Nos parents se projettent sur nous et nous poussent dans une direction, parfois mĂȘme de maniĂšre inconsciente. L’inconscient est toujours prĂ©sent, de maniĂšre sous-jacente, et c’est ce qui m’a plu dans cette histoire. Parce qu’Avalonia, indĂ©pendamment de toute sa complexitĂ© et sa singularitĂ©, raconte avant tout pourquoi il est essentiel de sortir de sa zone de confort – mĂȘme quand ça nous fait peur – si l’on veut vraiment comprendre les gens qu’on aime le plus. »

Jin Kim explique : « Searcher Ă©tait initialement assez mince. Cependant, comme Jaeger est une force de la nature, on a choisi d’accentuer la ressemblance entre le pĂšre et son fils. Ils ont Ă©galement le mĂȘme gros nez rond ». En revanche, Searcher est trĂšs indĂ©pendant et les animateurs se sont efforcĂ©s de montrer cela. « On a voulu souligner cette distinction », prĂ©cise Amy Smeed. « C’est un agriculteur trĂšs mĂ©ticuleux. Je ne dirais pas qu’il est perfectionniste mais il veut que les choses fonctionnent correctement. Il fait trĂšs attention Ă  l’endroit oĂč il met les pieds quand il est dans ses champs. »

JAEGER CLADE

JAEGER CLADE, le pĂšre de Searcher, rĂȘvait depuis longtemps de s’aventurer au-delĂ  des montagnes qui entourent Avalonia. Cette idĂ©e a fini par devenir une vĂ©ritable obsession, mĂȘme quand une Ă©norme erreur l’a exilĂ© dans un monde Ă©trange, loin de sa famille. La seule chose qui lui importe Ă  prĂ©sent est de transmettre quelque chose Ă  ceux qu’il aime. « Jaeger est un hĂ©ros de roman de gare par excellence, un de ces types en chemise dĂ©chirĂ©e qui, sur la couverture, se battent contre un alligator », explique Qui Nguyen. « C’est un personnage absolument fantastique. Mais je n’aimerais pas du tout avoir un pĂšre comme ça ! »

Et de poursuivre : « On voulait vraiment forcer le trait jusqu’à la caricature. Pour lui donner vie, il nous fallait une lĂ©gende. Dennis Quaid a eu une carriĂšre extraordinaire et a aussi montĂ© un groupe dont il est le chanteur. Ce genre de personnalitĂ©, capable de fasciner les foules, c’est Jaeger. Quand on faisait une sĂ©ance d’enregistrement avec Dennis, on en avait pour notre argent ! »

Dennis Quaid confie : « Il Ă©tait Ă©vident pour moi que c’était un type plus grand que nature. Il a des longs cheveux, de gros mollets, de gros biceps, deux flingues et des tablettes de chocolat. En fait, j’ai simplement grossi certains traits de ma personnalitĂ©, et c’était trĂšs marrant. Il m’a fallu quelques sĂ©ances pour trouver le ton juste parce que je suis quelqu’un de relativement plus discret ! Mes enfants vous diraient peut-ĂȘtre le contraire, remarquez. En tout cas, je me suis bien amusĂ©. »

Qui dit personnage caricatural dit accessoires caricaturaux. Michael Kaschalk, le directeur de l’animation des effets visuels, dĂ©clare : « Quand Jaeger fait face Ă  un obstacle dans le monde Ă©trange, il sort son lance-flammes. Sauf qu’il s’agit d’un modĂšle dont les caractĂ©ristiques techniques ont Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©es. Son rayon d’action est important, mĂȘme quand Jaeger ne l’utilise que pour dĂ©sherber. On s’est aussi inspirĂ©s des romans « pulp » pour le dessin des flammes. On est partis de quelque chose d’hyperrĂ©aliste auquel on a donnĂ© un cĂŽtĂ© BD dans un second temps, sans que ça dĂ©tourne non plus l’attention des spectateurs. »

C’est typiquement le genre d’objet que ne supporte pas Searcher quand il retrouve son pĂšre dans le monde Ă©trange, permettant ainsi aux producteurs d’accentuer le conflit des gĂ©nĂ©rations. « En gros, on a trois gĂ©nĂ©rations d’une mĂȘme famille qui ne s’entendent pas, ce dont nous avons tous fait l’expĂ©rience », explique Qui Nguyen. « Mais on voulait aussi montrer ce qui les unit. AprĂšs tout, est-ce qu’on n’est pas tous destinĂ©s Ă  ĂȘtre d’abord comme Ethan, puis comme Searcher et, un jour, comme Jaeger ? »

Ce conflit de gĂ©nĂ©ration Ă©tait soulignĂ© Ă  chaque Ă©tape du tournage. Le responsable des dĂ©cors Scott Beattie et son Ă©quipe ont ainsi utilisĂ© la mise en scĂšne, les focales et les angles de camĂ©ras pour souligner cette tension ou les rĂ©conciliations : « Il nous arrivait de ne pas mettre les deux personnages dans le mĂȘme plan pour accentuer leur distance, ou de les placer loin l’un de l’autre dans un plan plus large. À l’inverse, on utilisait des focales longues qui donnaient une impression de rapprochement, et cela mĂȘme quand ils ne bougeaient pas. Les spectateurs ne le remarqueront pas forcĂ©ment, mais le sentiront de façon subliminale. »

Pour Dennis Quaid, le film met en avant l’acceptation des autres pour ce qu’ils sont : « Je pense que le film parle vraiment de l’importance d’ĂȘtre fidĂšle Ă  soi-mĂȘme et d’assumer ce choix. C’est ce qui unit ces trois gĂ©nĂ©rations qui sont toutes authentiques Ă  leur maniĂšre et qui s’acceptant telles qu’elles sont. »

ETHAN CLADE

ETHAN CLADE, 16 ans, est l’ado dans toute sa splendeur : il lĂšve les yeux au ciel quand ses parents s’embrassent, s’illumine quand ses amis sont lĂ  et perd tous ses moyens quand le garçon qu’il aime, Diazo, est dans les parages. Il rĂȘve de vivre des aventures extraordinaires, comme le grand-pĂšre qu’il n’a jamais connu. Quand son pĂšre part pour une mission cruciale Ă  bord du dirigeable Venture, Ethan embarque clandestinement. Pour Roy Conli, tous deux ont de bons rapports mais des idĂ©es trĂšs diffĂ©rentes sur l’avenir : « Ethan est proche de son pĂšre. Il sait que Searcher l’aime mais la vie Ă  la ferme ne lui suffit pas. »

Jaboukie Young-White (la voix originale d’Ethan) vient du stand-up. « On aime que les acteurs improvisent et Jaboukie sait faire ça les yeux fermĂ©s », explique Don Hall. « Il a une joie toute juvĂ©nile qui rend le personnage trĂšs chaleureux, ce qui n’est pas Ă©vident quand on interprĂšte un adolescent ! »

L’acteur a Ă©tĂ© sĂ©duit autant par le personnage que par le thĂšme d’Avalonia, l’Étrange voyage : « Pour moi, l’envie de tracer sa propre voie, de s’accepter tel qu’on est et les autres tels qu’ils sont, ça reste intemporel. Je trouve ça d’autant plus pertinent que l’on vit dans une pĂ©riode oĂč les gens ont de plus en plus de facilitĂ©s Ă  ĂȘtre eux-mĂȘmes. Il y a, malgrĂ© tout, de plus en plus de tolĂ©rance. Je pense donc que cette thĂ©matique sera toujours d’actualitĂ©. »

Les animateurs se sont inspirĂ©s de l’acteur et d’autres personnes dans leur travail de crĂ©ation. « Ethan est un adolescent. J’ai une fille de son Ăąge Ă  la maison, que j’ai l’habitude d’observer avec ses amies. Ce que je constate, c’est qu’elle est trĂšs diffĂ©rente d’elles, de la mĂȘme maniĂšre qu’Ethan est un garçon pas comme les autres » dĂ©clare Amy Smeed. « Les animateurs sont de bons observateurs du quotidien, que ce soit au parc, au supermarchĂ© ou au restaurant. »

MERIDIAN CLADE

MERIDIAN CLADE pilote avec talent l’avion d’épandage qui permet aux cultures du pando de prospĂ©rer. C’est le genre de personne qui voit toujours le bon cĂŽtĂ© des choses et elle aime profondĂ©ment les siens. « Meridian adore voler et, comme son mari, sa vie tourne autour de la ferme, qui est leur gagne-pain », explique la scĂ©nariste en chef Lissa Treiman. PosĂ©e, observatrice et trĂšs cool, Meridian rejoint in extremis l’expĂ©dition de son mari quand elle s’aperçoit que son fils s’est embarquĂ© clandestinement Ă  bord. Elle apportera une aide prĂ©cieuse Ă  cette mission. « Elle est essentielle Ă  l’intrigue », remarque le scĂ©nariste David G. Derrick Jr. « Elle va non seulement piloter le Venture mais aussi aider ces trois gĂ©nĂ©rations d’hommes Ă  se rĂ©concilier. »

Ces circonstances exceptionnelles tĂ©moignent de l’assurance et des compĂ©tences du personnage, des qualitĂ©s que Jamie Sparer Roberts a dĂ©celĂ©es chez Gabrielle Union, la voix de Meridian dans la version originale : « Gabrielle a de la force, du courage, de l’humour, de l’intelligence et de l’expĂ©rience Ă  revendre. Sa voix douce est empreinte d’une grande assurance. Elle peut dire en dix mots ce que la plupart des gens mettent dix phrases Ă  exprimer. »

Gabrielle Union aime ce personnage optimiste : « Ce qui me plaisait le plus chez cette femme, c’est qu’elle est heureuse et fiĂšre de constater que chacun des membres de sa petite famille a son univers. Elle pousse son fils Ă  tracer sa propre voie. J’aime ça. »

Justin Sklar trouve que Meridian – une pilote, une Ă©pouse et une mĂšre – est une femme admirable : « C’est probablement la personne la plus Ă©quilibrĂ©e du groupe. Elle n’a peur de rien et surtout pas d’entrer par le hublot du Venture pour en reprendre le contrĂŽle. Elle se connaĂźt, elle connaĂźt les autres et elle a envie de les voir s’épanouir. Ça se sent notamment dans ses interactions avec Ethan qui se pose non seulement plein de questions sur son avenir mais aussi sur le jeune homme qu’il est. Elle lui suggĂšre tout simplement qu’il gagnerait Ă  analyser ce qu’il ressent. Elle l’écoute et le guide, mais elle n’est pas lĂ  pour faire les choses Ă  sa place. »

Les rĂ©alisateurs du film, tout comme les acteurs, avaient conscience du lien entre l’intrigue, son dĂ©cor et le monde rĂ©el. Pour Gabrielle Union : « La beautĂ© de cet univers souterrain rappelle celle du monde qui nous entoure et le plaisir de dĂ©couvrir d’autres cultures, d’autres maniĂšres de prendre soin les uns des autres, de prĂ©server l’environnement, de respecter les capacitĂ©s de chacun et d’imaginer diffĂ©rentes maniĂšres de travailler en Ă©quipe. Tous les personnages sortent vraiment de leur zone de confort. Ils doivent apprendre Ă  travailler ensemble, non seulement pour survivre mais aussi pour sauver leur communautĂ©. »

CALLISTO MAL

CALLISTO MAL, la prĂ©sidente d’Avalonia, frĂ©quente les Clade depuis longtemps. Elle a autrefois fait partie de l’expĂ©dition de Jaeger mais a finalement choisi une autre voie. Bien dĂ©cidĂ©e Ă  comprendre ce qui assĂšche le pando, elle organise une mission vers un monde inconnu. « C’est une femme qui sait commander », reprend Lissa Treiman. « Elle a suffisamment d’assurance pour prendre des dĂ©cisions sans pour autant foncer tĂȘte baissĂ©e. De plus, elle trĂšs empathique. » Les rĂ©alisateurs voulaient que le personnage soit aussi courageux et fort que Jaeger, mais moins Ă©gocentrĂ©. « Leurs personnalitĂ©s sont diamĂ©tralement opposĂ©es », dĂ©clare Qui Nguyen. « Elle se fiche de ce qu’elle va lĂ©guer Ă  la postĂ©ritĂ©. Ce qui compte avant tout pour elle, ce sont les habitants d’Avalonia. »

Lucy Liu, la voix originale du personnage, confie : « Callisto est trĂšs courageuse mais c’est aussi quelqu’un de trĂšs rĂ©flĂ©chi. Ce que j’aime chez elle, c’est qu’elle pense toujours aux autres. Si elle n’était pas devenue prĂ©sidente, elle aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ©, elle aussi, une aventuriĂšre. Elle n’a pas la langue dans sa poche et sait se montrer trĂšs chaleureuse. Sa mission est de sauver son peuple. C’est pour cela qu’elle se lance dans cette aventure. »

Ce cĂŽtĂ© aventurier a Ă©galement inspirĂ© les animateurs. « C’est une ancienne exploratrice. Elle faisait partie de l’expĂ©dition initiale avec Jaeger et Searcher. C’est une femme de pouvoir qui n’a peur de rien. Elle est douĂ©e et aime la nature » rappelle Justin Sklar. « Elle a fini par faire de la politique et ĂȘtre Ă©lue prĂ©sidente des habitants d’Avalonia. En termes d’animation, on voulait combiner ces deux facettes, l’intelligence et la diplomatie, avec ce petit cĂŽtĂ© baroudeur. Elle est probablement plus Ă  l’aise sur le Venture qu’en rĂ©union. »

Lucy Liu a Ă©galement aimĂ© le message d’Avalonia, l’Étrange voyage : « Je pense que le film parle avant tout de l’importance de prendre soin de la planĂšte et de se responsabiliser. Au fond, mon personnage part Ă  l’aventure parce qu’elle veut sauver leur monde. Je pense, comme elle, qu’il est essentiel de veiller les uns sur les autres. »

SPLAT

SPLAT est une crĂ©ature bleue, informe et molle. Originaire du monde inexplorĂ©, elle se lie d’amitiĂ© avec Ethan et sert de guide Ă  la famille Clade dans cette mystĂ©rieuse contrĂ©e souterraine. Pour cette crĂ©ature sans visage qui ne manque pas de personnalitĂ©, les rĂ©alisateurs ont dĂ» trouver le moyen de lui permettre d’exprimer des Ă©motions. « Tout est une question de timing et de posture, un peu avec comme une marionnette », explique Amy Smeed, responsable de l’animation.

Pour animer le personnage, il a fallu le modĂ©liser en trois dimensions. Keith Wilson, responsable de l’animation technique, raconte : « Splat a sept tentacules qui lui servent de jambes voire de mains. C’était stimulant pour les artistes de dĂ©composer les diffĂ©rents membres du personnage. Ils devaient trouver le moyen de crĂ©er un systĂšme d’animation intuitif oĂč chaque membre serait hyper extensible et capable d’accomplir plein de choses. »

Et de poursuivre : « La rĂ©action de Splat Ă  la lumiĂšre a aussi engendrĂ© de nombreux dĂ©fis artistiques. Il rĂ©pondait bien Ă  l’aberration chromatique ou la distorsion des couleurs que l’on observe quand on regarde par exemple une photo prise au microscope. Les silhouettes ont alors ce contour arc-en-ciel. On aimait aussi l’idĂ©e que Splat puisse avoir un volume et une certaine densité : il n’est pas complĂštement transparent. Il brille de l’intĂ©rieur, Ă  l’instar de l’aberration chromatique qui entoure sa silhouette. »

Pour les plans de Splat et des crĂ©atures du mĂȘme type, les rĂ©alisateurs ont choisi d’aller plus loin afin que les personnages soient parfaitement visibles. « Au dĂ©but, on faisait beaucoup de plans larges pour que les animateurs aient la place d’animer les crĂ©atures » indique Scott Beattie. « Mais quand on est passĂ© Ă  la finalisation des dĂ©cors, on ne savait toujours pas si Splat allait se dĂ©placer et quelles seraient ses Ă©motions puisqu’il n’a pas de visage. Les animateurs ont fait des merveilles. »

LEGEND

LEGEND est le chien Ă  trois pattes de la famille. PerpĂ©tuellement joyeux, il adore se frotter aux situations dangereuses, sans vraiment rĂ©flĂ©chir. Quand Ethan dĂ©cide de prendre part Ă  la mission sans prĂ©venir personne, son fidĂšle compagnon l’accompagne naturellement, toujours dĂ©sireux de plaire Ă  son humain de compagnie. Cependant, sa prĂ©sence et son habitude instinctive de saluer joyeusement chaque Ă©tranger risque de causer plus de mal que de bien.

Don Hall attribue l’idĂ©e du personnage Ă  Burny Mattinson, un dessinateur de story-boards qui travaille chez Disney Animation depuis 1953. « Il n’arrĂȘtait pas de me dire qu’il manquait un chien dans ce film », explique-t-il. « On associe ces animaux Ă  la famille et Avalonia, l’Étrange voyageest avant tout un grand film familial. J’ai dĂ©cidĂ© de l’appeler Legend, parce que c’est le surnom qu’on donne ici Ă  Burny. » Burny Mattinson a obtenu le titre officiel de lĂ©gende Disney en 2008.

LES AUTRES CREATURES

Le monde mystĂ©rieux dans lequel les Clades s’aventurent pour trouver ce qui menace la production du pando n’est pas sans danger. L’accueil que leur rĂ©servent des crĂ©atures sans bras et sans visage n’est pas des plus chaleureux. Qui Nguyen explique qu’il fallait absolument s’assurer que cet univers n’avait pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© vu cent fois : « La question Ă©tait de savoir comment faire pour rendre ces personnages vraiment extraordinaires et ne pas finir avec des crĂ©atures qu’on pourrait voir dans n’importe quel film. Qu’est-ce qui fait d’elles des personnages Disney ? »

Il poursuit : « Il fallait donc proposer quelque chose de diffĂ©rent. On a pris la dĂ©cision qu’elles n’auraient pas de globes oculaires, pas de nez et pas de bouche. OubliĂ©s donc les grands yeux et les sourires Disney ! On est revenus aux balais de FANTASIA et au tapis magique d’ALADDIN. Comment humanise-t-on une crĂ©ature sans visage ? »

« On voulait faire la distinction entre l’animation des humains et celle des crĂ©atures » ajoute Justin Sklar. « Alors que les premiers passent en gros de pose en pose, les secondes sont en perpĂ©tuel mouvement, trĂšs fluides, dĂ©nuĂ©es d’angles et de squelette. »

Avalonia, l’étrange voyage – un monde Ă©trange et dĂ©calĂ©

Au regard de son titre, Avalonia, l’Étrange voyage se devait d’ĂȘtre extraordinaire. C’est pourquoi les artistes des studios d’animation Walt Disney avaient bien l’intention de crĂ©er un univers aussi surprenant qu’impressionnant. Ils ont commencĂ© avec les pulps, des magazines ou romans de gare emplis d’action, de rebondissements et de sensations fortes, dont l’ñge d’or a durĂ© soixante ans, de 1896 Ă  la fin des annĂ©es 1950.

Larry Wu, le directeur artistique de la partie dĂ©cors, prĂ©cise que l’équipe s’est concentrĂ©e sur les magazines des annĂ©es 1930 et 1940 : « On en a consultĂ© plusieurs, notamment les « Doc Savage ». Sur les couvertures rĂ©alisĂ©es par de grands illustrateurs de l’époque, il y avait toujours une source lumineuse principale et un halo, qui semblaient prĂ©sager quelque chose de terrible. »

Justin Cram, le chef dĂ©corateur adjoint, poursuit : « Toute l’équipe s’est amusĂ©e Ă  concevoir les diffĂ©rents sites du monde Ă©trange, en s’inspirant des couvertures de ces publications qui imaginaient un avenir trĂšs diffĂ©rent de ce que l’on connaĂźt, avec des vaisseaux spatiaux, des extraterrestres, voire des crĂ©atures prĂ©historiques. C’était un excellent point de dĂ©part. »

Tout comme dans les romans « pulp » extrĂȘmement populaires il y a un siĂšcle, rien n’est impossible dans Avalonia, l’Étrange voyage. Quand l’histoire se dĂ©roule-t-elle ? Lissa Treiman, l’une des scĂ©naristes en chef, confie : « Ce monde imaginaire ne ressemble Ă  aucune pĂ©riode prĂ©cise. On lui a juste donnĂ© un « plafond technologique ». Les radios existent mais pas les tĂ©lĂ©phones portables ou les ordinateurs ; on a des dirigeables mais pas de satellites. Avalonia est entourĂ© de montagnes au-delĂ  desquelles personne ne s’est jamais aventurĂ©. »

La ville d’Avalonia, la ferme de la famille Clade et le monde Ă©trange ont chacun un style visuel et une palette chromatique distincts. Sans oublier une bibliothĂšque numĂ©rique spĂ©cifique, dans laquelle l’équipe artistique puisait des Ă©lĂ©ments pour crĂ©er des dĂ©cors d’une grande richesse. « Ça nous a permis de dĂ©composer chaque monde et d’identifier toutes les petites choses dont on aurait besoin pour les besoins de l’intrigue », explique Sean Jenkins, le responsable du service.

Habituellement, ces bibliothĂšques sont constituĂ©es de plantes et d’arbres du monde rĂ©el. Mais parce que l’univers d’Avalonia, l’Étrange voyage est unique, il fallait inventer chaque lampadaire, chaque clĂŽture, chaque Ă©lĂ©ment de la faune ou de la flore.

POWER PLAY — Walt Disney Animation Studios’ original action-packed adventure “Strange World” introduces a legendary family of explorers, the Clades, as they attempt to navigate an uncharted, treacherous land where a powerful plant and power source called pando is rooted. The voice cast includes Jake Gyllenhaal as Searcher Clade, a family man who finds himself out of his element on an unpredictable mission aboard an exploratory airship called the Venture. Helmed by Don Hall (OscarÂź-winning “Big Hero 6,” “Raya and the Last Dragon”) and co-director/writer Qui Nguyen (co-writer “Raya and the Last Dragon”), and produced by Roy Conli (OscarÂź-winning “Big Hero 6,” “Tangled”), “Strange World” releases November 23, 2022. © 2022 Disney. All Rights Reserved.

LA CITE D’AVALONIA

LA CITE D’AVALONIA a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en privilĂ©giant les tons chauds comme le blanc, l’orange et le rouge. « Nous voulions susciter un sentiment d’utopie, de tendresse et de nostalgie. Nous voulions souligner le fait que le pando est une culture merveilleuse et unanimement apprĂ©ciĂ©e », explique Justin Cram. Il existe deux versions d’Avalonia : avant et aprĂšs l’arrivĂ©e du pando. « On montre comment la ville est passĂ©e de construction Ă  un Ă©tage Ă  des immeubles de 100 Ă©tages », ajoute le dĂ©corateur Merhrdad Isvandi.

Les spectateurs attentifs remarqueront que le pando est complĂštement intĂ©grĂ© Ă  la ville, dont il alimente les Ă©quipements, depuis les lampadaires jusqu’aux vĂ©hicules. Larry Wu estime qu’Avalonia donne un bon aperçu de ce qui va suivre. « On voulait Ă©voquer un endroit nostalgique oĂč on peut se rĂ©fugier quand on veut se sentir bien et passer un bon moment, un lieu tout doux et chaud. »

Pour les réalisateurs, il était essentiel de faire la distinction entre Avalonia et le monde étrange. Pour cela, Scott Beattie a notamment travaillé sur les angles de prises de vue et les focales : « Pour les scÚnes qui se déroulent dans la ville et à la ferme, les séquences sont généralement plus statiques et plus linéaires ».

LA FERME DES CLADE

LA FERME DES CLADE est l’endroit oĂč prĂ©dominent les tons froids, comme les verts et les bleus luxuriants, prĂ©dominent. « J’ai regardĂ© de vieux tirages Kodachrome des annĂ©es 1930 & 1940 et je me suis efforcĂ© de faire naĂźtre une Ă©motion qui reflĂšte les liens trĂšs forts qui unissent Searcher, Ethan et Meridian », explique Justin Cram. « Nous voulions que ces dĂ©cors aient un cĂŽtĂ© intemporel et qu’ils Ă©voquent vraiment l’idĂ©e du foyer familial. »

Don Hall, qui a grandi dans une ferme de l’Iowa, connaissait parfaitement cet univers : « Chaque fois que j’y retourne, je suis frappĂ© de voir Ă  quel point l’horizon s’étend Ă  perte de vue. Le coin de l’Iowa oĂč je suis nĂ©, dans le sud-ouest de l’État, est assez vallonnĂ©. Tout semble vaste et trĂšs vert. Il y a beaucoup de champs de maĂŻs et de soja, et une sorte de gĂ©omĂ©trie dans le paysage. Je me suis dit que ce serait intĂ©ressant de transposer ça dans le film. »

Comme la ferme est la grande passion de Searcher, l’équipe artistique a cherchĂ© Ă  souligner sa vision enchanteresse du travail agricole. Justin Cram dĂ©clare : « La lumiĂšre du soleil permettait vraiment de mettre en valeur les silhouettes. On a aussi beaucoup jouĂ© sur les diffĂ©rentes heures de la journĂ©e. Ce lien avec la nature Ă©tait vraiment important, surtout pour Searcher, parce qu’Avalonia reprĂ©sente tout son univers. »

Les extĂ©rieurs, inspirĂ©s en partie par le travail de Hayao Miyazaki, sont empreints de nostalgie. « La ferme elle-mĂȘme est charmante, rustique et pittoresque » reprend Larry Wu. « Elle est confortable et montre tout l’amour de cette famille. Avalonia et la ferme ont des niveaux normaux de couleurs et de saturation. Dans le monde Ă©trange, en revanche, on a poussĂ© la saturation et utilisĂ© une palette chromatique diffĂ©rente. »

LE VENTURE

LE VENTURE est le dirigeable qui emporte Callisto Mal et la famille Clade vers le monde Ă©trange. Long d’une soixantaine de mĂštres, il ne passe pas inaperçu dans la ferme de Searcher. À l’inverse, dans le monde Ă©trange, il paraĂźt minuscule !

L’éclairage du Venture est Ă  la fois interne et externe. Brian Leach prĂ©cise : « On a passĂ© beaucoup de temps Ă  dĂ©finir l’emplacement des sources lumineuses pour que les animateurs puissent les intĂ©grer dans leur travail. Quand on dĂ©couvre le monde Ă©trange, seules les lumiĂšres extĂ©rieures permettent de l’entrevoir dans les tĂ©nĂšbres. Pour faire comme dans les films, on ajoutait un petit effet de diffraction, avec des halos lumineux. Ça nous a aussi permis de varier les focales, de maniĂšre Ă  diffĂ©rencier le monde supĂ©rieur, caractĂ©risĂ© par des optiques sphĂ©riques, et le monde souterrain, avec des optiques anamorphiques. »

À la fin du voyage, l’équipage au grand complet a enfin l’occasion d’observer l’objectif de la mission. « Ils aperçoivent les racines du pando, dont le beau vert luminescent montre l’énergie qui remonte Ă  la surface » explique Michael Kaschalk. « Ils sont Ă  la fois admiratifs, parce qu’ils n’ont jamais vu cela, et apaisĂ©s parce que le rythme auquel le pando s’écoule suscite un sentiment de sĂ©rĂ©nitĂ©. »

LE MONDE ÉTRANGE

LE MONDE ÉTRANGE est un univers cachĂ© qui n’a rien de familier. Une vraie volontĂ© de la part des Ă©quipes d’animation Disney. Mehrdad Isvandi dĂ©clare : « Quand on voit une jungle luxuriante, on se sent apaisĂ© parce que notre cerveau sait que le vert est synonyme de calme. À l’inverse, dans le monde Ă©trange, ce qu’on prend pour un arbre n’en est pas forcĂ©ment un. La jungle est de toutes les couleurs, Ă  l’exception du vert. Par consĂ©quent, notre cerveau ne sait pas ce qu’il doit ressentir. On avait envie de crĂ©er un monde Ă©thĂ©rĂ© dans lequel les spectateurs pourraient se repĂ©rer sans pour autant que sa beautĂ© ne vienne altĂ©rer le bon dĂ©roulement de l’intrigue. »

Pour le monde dont personne ne soupçonnait l’existence, les tons froids de la ferme sont utilisĂ©s avec parcimonie. « Quand on arrive dans cet univers Ă©trange, il n’y a aucune vĂ©gĂ©tation exceptĂ©e le pando », reprend Merhrdad Isvandi. « Le vert Ă©tait uniquement destinĂ© au pando. Nous avons aussi choisi une autre couleur que le bleu pour le ciel, ce qui nous a obligĂ©s Ă  trouver d’autres tons pour embellir le paysage. Nous avons pris beaucoup de plaisir Ă  relever ce dĂ©fi tout au long du tournage. »

Steve Goldberg, le responsable des effets visuels, prĂ©cise que cet univers est composĂ© de diffĂ©rentes zones allant de prairies Ă  des grottes sombres. Le cĂŽtĂ© fantastique Ă©tait synonyme de libertĂ© artistique. Il confie : « L’équipe artistique a pu tenter diffĂ©rentes choses et proposer des idĂ©es. Quand on travaillait sur les Ă©lĂ©ments du dĂ©cor, les plantes, l’apparence du sol, elle venait nous faire des propositions graphiques. Chacun pouvait ainsi y trouver son compte, et je pense que le monde Ă©trange a gagnĂ© au change. »

Au fur et Ă  mesure que les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments commençaient Ă  prendre forme, les rĂ©alisateurs se sont dit qu’il fallait envisager les choses diffĂ©remment. Ce qui ressemblait Ă  des plantes pouvait soudain s’envoler, ce qui se dĂ©plaçait comme un animal primitif pouvait s’enraciner. Certains Ă©lĂ©ments devenaient mĂȘme des personnages Ă  part entiĂšre. Steve Goldberg dĂ©clare : « La taille de la faune et de la flore impliquait d’aller encore plus loin. Ce qui aurait normalement Ă©tĂ© confiĂ© au service des effets visuels Ă©tait ici intĂ©grĂ© Ă  tous les stades de la conception des crĂ©atures. »

Les paysages et les crĂ©atures du monde Ă©trange sont si bizarres et saisissants que les producteurs ont dĂ» veiller Ă  ce qu’ils ne prennent pas le pas sur les personnages. « Quand on s’apercevait que, sur un plan donnĂ©, on s’extasiait sur la beautĂ© de cet univers au point qu’il nous dĂ©tournait de ce que vivaient nos hĂ©ros, on faisait marche arriĂšre » reconnaĂźt Justin Cram. « Le plus important reste les relations entre les personnages. Mais il y a des moments oĂč ils sont Ă©poustouflĂ©s par la beautĂ© des lieux et c’est lĂ  qu’on peut vraiment montrer cet environnement dans toute sa splendeur. »

La jungle venteuse rose vif oĂč l’équipage s’écrase Ă  bord du Venture, la mer brĂ»lante, la forĂȘt bleue oĂč les arbres s’illuminent au passage des personnages, le dĂ©sert d’ambre
 sont quelques-uns des sites du monde Ă©trange. Outre les plantes aux reflux gastriques et celles qui dansent, on y trouve des espĂšces bioluminescentes et d’autres que les rĂ©alisateurs qualifiaient de « flore aux grands yeux ». Et cela, sans compter les espĂšces herbeuses !

Scott Beattie ajoute que son Ă©quipe avait plus d’un tour dans son sac pour accentuer l’étrangetĂ© des lieux : « Les dĂ©cors Ă©taient conçus de telle maniĂšre qu’on utilisait des focales plus larges, en variant manuellement la distorsion. Quand on voulait rendre telle ou telle chose encore plus Ă©trange, voire gĂȘnante, on forçait sur la distorsion ou on modifiait la composition du plan. Bien entendu, l’intrigue motivait chaque dĂ©cision. »

Une odyssée en musique

Pour la musique, les rĂ©alisateurs cherchaient un compositeur capable de proposer une nouvelle palette sonore Ă©voquant Ă  la fois les liens trĂšs forts entre les personnages et le caractĂšre extraordinaire du monde Ă©trange. C’est ainsi qu’ils ont fait appel Ă  Henry Jackman. « De notre point de vue, Henry faisait partie de l’équipe des scĂ©naristes » explique Roy Conli. « Il sait parfaitement accompagner la structure Ă©motionnelle de chaque scĂšne. Sa musique met en valeur chaque Ă©lĂ©ment. Ce qu’il a crĂ©Ă© pour Avalonia, l’Étrange voyage est aussi beau, radical et homĂ©rique que le film lui-mĂȘme. »

Henry Jackman se sentait prĂȘt Ă  assumer cette mission titanesque : « Je suis toujours ouvert aux propositions inhabituelles, comme cette partition pour orchestre symphonique. Rien qu’en lisant le scĂ©nario, j’ai Ă©tĂ© emportĂ© par cette grande aventure dans un monde visuellement spectaculaire et empreint de poĂ©sie. »

Une partition tout en nuance

Cette partition intĂšgre cependant d’autres nuances quand les spectateurs dĂ©couvrent la famille Clade. Le compositeur confie : « Au tout dĂ©but du film, l’ambiance musicale s’accorde peu avec un orchestre symphonique. J’ai donc pensĂ© Ă  des dulcimers et des guitares, avec un peu d’électronique, suffisamment pour Ă©voquer ce monde Ă  la croisĂ©e de l’agriculture et de la technologie. »

Et de poursuivre : « Une fois qu’ils sont Ă  bord du dirigeable et qu’ils pĂ©nĂštrent dans le monde Ă©trange, on passe Ă  l’orchestre symphonique. Au lieu d’avoir recours Ă  des Ă©lĂ©ments non orchestraux pour dĂ©crire cet univers, le mystĂšre tient davantage du langage mĂ©lodique. Il traduit le cĂŽtĂ© Ă©trange des lieux. Quant Ă  la suite musicale, j’ai fait un essai avec des harmonies un peu exotiques pour renforcer la notion d’étrange voyage. Cela procure un cĂŽtĂ© un peu inquiĂ©tant. On a l’impression de s’enfoncer dans un nouveau monde. »

Des choristes pour la bande originale

Pour ajouter au mystĂšre, Henry Jackman a fait appel Ă  des choristes dont il a retravaillĂ© la contribution. « Je voulais trĂšs lĂ©gĂšrement en Ă©toffer le son. Le mĂ©lange de vraie chorale et de tonalitĂ©s Ă©lectroniques n’est donc pas complĂštement artificiel. Ça se rapproche un peu du concept de rĂ©alitĂ© augmentĂ©e ! Il y a quelques passages oĂč un synthĂ© double la fin des cordes, mais cela sans jamais les dominer. »

Le compositeur est convaincu qu’une partition sert avant tout Ă  unifier les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments du rĂ©cit et Ă  clarifier les choses : « PlutĂŽt que d’écrire un thĂšme spĂ©cifique Ă  l’un des personnages, il me semble plus utile d’en avoir un sur l’audace et l’aventure et un autre sur l’idĂ©alisme et le respect de l’environnement. Ce sont deux façons de voir le monde qu’on peut utiliser de diffĂ©rentes maniĂšres au fur et Ă  mesure que l’intrigue progresse. »

Le seul thĂšme Ă©crit pour l’un des personnages s’intĂšgre parfaitement dans celui du monde qu’il habite. Henry Jackman confie : « Le thĂšme musical de Splat ne ressemble pas du tout Ă  celui du monde Ă©trange mais ils partagent le mĂȘme ADN. J’ai pris les cinq premiĂšres notes de ma suite dont j’ai modifiĂ© la grammaire, la syntaxe et l’orchestration. Je suis persuadĂ© qu’à un niveau subliminal, les spectateurs comprendront que les deux sont liĂ©s et que c’est ce qui assure la cohĂ©rence de l’ensemble. »

Kinai

Disney et moi, c’est une longue histoire d’amour. Je suis tombĂ© dedans petit, et je n’en suis jamais ressorti. Du cinĂ©ma aux parcs d’attractions, en passant par l’histoire de Walt Disney Company, jusqu’aux BD, tout me passionne.

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