Jâavais 12 ans en 1992, Ă lâouverture de Disneyland Paris. Jâavais 12 ans et je me souviens encore parfaitement de lâĂ©vĂšnement que cela reprĂ©sentait ! LâarrivĂ©e de ce nouveau parc en France, pays Ă©lu parmi tous les autres pays europĂ©ens en lice, Ă©tait vraiment quelque chose de sensationnel. Bien sur, Ă lâĂ©poque, Disneyland Paris Ă©tait bien plus petit, nâoffrant quâun seul parc Ă thĂšme. Cependant, cela nâavait strictement aucune importance : la magie Disney dĂ©barquait en France !
Mes parents, via leur comitĂ© dâentreprise, ont eu des places. Une journĂ©e. Billet datĂ©. Dans ma tĂȘte de jeune adolescente de 12 ans, câĂ©tait lâeffervescence totale ! Et puis, sans vouloir jouer les âvieillesâ, nous nâavions pas internet et accĂšs Ă lâinformation comme aujourdâhui. Quelques photos et reportages dans les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s pour nous mettre lâeau Ă la bouche mais, rien de plus : la surprise Ă©tait totale !
Je me souviens de lâĂ©norme embouteillage pour sortir de lâautoroute et du temps passĂ© pour atteindre le parking. Bien que nous nâhabitions quâĂ 40 minutes, il nous aura fallu plus de 2 heures pour entrer dans le parc. Je me souviens du monde, de lâĂ©nervement mais je me souviens encore plus de la dĂ©ferlante de magie ⊠Ce sentiment dâĂȘtre chanceuse de me retrouver dans ce lieu unique et absolument incroyable. Nous nâĂ©tions que peu renseignĂ©s sur les âincontournablesâ du parc. Aussi, nous nous sommes dirigĂ©s un peu alĂ©atoirement vers les attractions. Il y avait une telle foule que nous nâavons pu en faire que 3. 2h30 dâattente pour faire Pirates des CaraĂŻbes, 2h pour faire Star Tours, 1h30 pour le dĂ©sormais disparu âCaptain Eoâ. Ca fait peu nâest-ce-pas ? Impensable mĂȘme ⊠Pas de parade, pas de meet and greet. Rien que ces 3 attractions et lâattente, les files interminables.
Il nâempĂȘche que, malgrĂ© cela, jâai passĂ© une journĂ©e exceptionnelle avec le sentiment dâĂȘtre extrĂȘmement chanceuse. En rentrant chez moi, jâai tout notĂ© dans mon journal intime. Tout. Le moindre petit dĂ©tail. La moindre petite sensation. Je ne voulais rien oublier.
Il mâa fallu plusieurs annĂ©es avant de retourner au parc. Ce nâĂ©tait simplement pas le genre de sortie que mes parents affectionnaient. A chaque fois que jâavais la chance de repartir Ă Disneyland Paris je passais des moments merveilleux. Lâexcitation des jours avant le dĂ©part, lâengouement en en revenant⊠Ce furent des annĂ©es de plaisir intense !
Puis jâai rencontrĂ© celui qui est aujourdâhui mon mari. Je lâai un peu converti Ă cette folie Disney. Chaque annĂ©e, nous y faisions un sĂ©jour en dormant dans un hĂŽtel du resort bien que nous habitions la proche banlieue. Nous les avons tous testĂ©s. On les a tous aimĂ©s. Nous avions mĂȘme un petit rituel photo : Ă lâarrivĂ©e dans notre chambre, je devais prendre une photo de mon cher et tendre en plein vol, en plein saut sur le lit. DrĂŽle de tradition, me direz-vous ! Mais nous le faisions Ă chaque fois. Nous avons cĂ©dĂ© au plaisir de prendre des passeports annuels : fantasy, dream⊠Et comme nous rĂ©sidions juste Ă cĂŽtĂ©, nous nous y rendions trĂšs souvent. Parfois mĂȘme juste pour manger au restaurant ou se faire une petite promenade. A cette Ă©poque, nous nâĂ©tions jamais lassĂ©s. Jamais rassasiĂ©s de magie.
Nous avons ensuite dĂ©mĂ©nagĂ© Ă 2h30 du parc mais nous avons continuĂ© Ă prendre des passeports et Ă nous y rendre trĂšs rĂ©guliĂšrement. Aimer Mickey et Disneyland Paris, câĂ©tait un peu mon trait distinctif : les gens me connaissaient pour ça. Nous nous sommes mariĂ©s et avons eu deux beaux enfants. Enfants que nous avons emmenĂ© avec nous Ă chaque visite, dĂšs leur plus jeune Ăąge. Ils ont Ă©tĂ© tous les deux bercĂ©s de magie Disney dĂšs la grossesse !
Les passeports annuels sont devenus des pass annuels, leurs noms ont changĂ©, leurs avantages Ă©galement mais nous avons continuĂ© Ă les prendre. Il Ă©tait tout simplement impensable de ne pas procĂ©der Ă leur renouvellement. CâĂ©tait carrĂ©ment impossible dâimaginer ne plus en avoir : jâaurais trop eu un sentiment de manque. Cette peur de ne plus aller Ă Disneyland Paris. Mes enfants ont eu leur pass quand ils en ont eu lâĂąge. Nous avons profitĂ© des soirĂ©es spĂ©ciales pass annuels, des soft opening des attractions, des expĂ©riences du genre âPrincesse dâun jourâ ⊠Nous avons connu des moments dâinteraction formidables avec les personnages et les cast members.
Puis le covid est passĂ© par lĂ . Le break Ă©tait obligatoire ⊠pas le choix ! Cela faisait des annĂ©es que nous nâavions pas passĂ© un aussi long laps de temps sans retourner sur les parcs. Nous avons reçu la magie de plein fouet Ă notre retour Ă DLP et ce, malgrĂ© les masques, malgrĂ© les distanciations, malgrĂ© la surabondance de gel hydroalcoolique : Ă aucun moment, cela nâa Ă©tĂ© un frein Ă notre plaisir. Chaque visite restait magique, chaque sĂ©jour Ă©tait une chance que nous mesurions pleinement.
Etonnamment, la magie sâest un peu Ă©tiolĂ©e quand les restrictions ont commencĂ© Ă ĂȘtre levĂ©es et quand les jauges limitant le nombre de visiteurs ont disparu. Il y avait du monde tout le temps, quel que soit le jour, quelle que soit la saison. Nous avons ressenti la hausse des prix, tant des hĂŽtels que des restaurants ou le merchandising. Nous avons eu lâimpression que, petit Ă petit, cela devenait inabordable. Les premiers temps, nous lâavons justifiĂ© ! Mickey le valait bien ! Mais je dois bien avouer que plus rĂ©cemment, nous peinons Ă trouver de la motivation. Il faut encore et toujours rĂ©server sa visite, les restaurants sont pleins le jour de lâouverture des rĂ©servations, les hĂŽtels sont hors de prix ⊠Nous avons connu des couacs Ă chacune de nos visites rĂ©centes : des chambres Ă la propretĂ© douteuse au bazar pour renouveler et changer de gamme Ă un pass annuel : je ne sais comment expliquer mais une certaine lassitude sâest installĂ©e. Et ce nâest pas normal. On devrait pouvoir mesurer Ă chaque fois comme nous sommes chanceux de passer une journĂ©e au royaume de Mickey ! Cela ne devrait pas ĂȘtre une contrainte : prĂ©parer les affaires, se retrouver dans les bouchons, ĂȘtre Ă©puisĂ©s le lendemain pour retourner au travail⊠A partir du moment oĂč la joie de se rendre Ă Disneyland Paris est supplantĂ©e par le cĂŽtĂ© bassement matĂ©riel et organisationnel de la chose, câest que ça ne va plus. Il est temps, je crois, pour notre famille de faire un break. Nous ne renouvellerons pas nos pass. Câest Ă la fois angoissant et un vrai soulagement : avoir un pass signifie aller rĂ©guliĂšrement sur les parcs ! Sinon, Ă quoi bon ? Et je crois que, chez nous, plus personne nâest vraiment motivĂ©. Ma fille a envie de voir dâautres choses et de plus de sensations fortes. Mon fils, lui, prĂ©fĂšre les parcs animaliers. Quant Ă mon mari , ça fait dĂ©jĂ un moment quâil couperait bien court. Je suis finalement la derniĂšre Ă avoir avouĂ© cette lassitude.
Pour commencer, jâai un peu honte dâĂ©crire cela. Jâai honte de me dire âlassĂ©eâ des parcs quand des centaines de milliers de personnes rĂȘveraient dây aller ne serait-ce que quelques heures ! Jâai honte mais je nâai plus les yeux qui pĂ©tillent Ă lâidĂ©e de voir le chĂąteau⊠Et ça, encore une fois, ce nâest pas normal.
Jâai aussi un peu peur, Ă lâidĂ©e de me retrouver sans pass et sans possibilitĂ© dâaller sur les parcs aussi souvent que je le souhaite ! Enfin, je me sens quand mĂȘme soulagĂ©e Ă lâidĂ©e de ne plus ĂȘtre liĂ©e au parc, au moins pour un petit moment.
Est ce du Ă lâabsence de renouveau ? Est ce que je vieillis ? Est-ce-que, comme me disent mes proches, jâai fait le tour de la question ? Je ne sais pas trop. Toujours est-il que je crois que câest vraiment le moment, pour nous, de faire un break Disneyland Paris. Peut ĂȘtre pour mieux nous retrouver ensuite !
Pour le moment, jâai perdu la passion.
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