Les studios Disney se sont souvent inspirés de la France ; ils savent apporter leur savoir-faire et la petite touche de magie pour sublimer leurs créations à travers notre pays. La Belle et la Bête fait partie de ces chefs-d’œuvre d’influence “Made in France” qu’on ne se lasse pas de regarder…
La Belle et la Bête est le 39ème long-métrage d’animation et le 30ème « Classique d’animation » des Studios Disney. Il est inspiré du conte éponyme de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont publié en 1757 et du film de Jean Cocteau de 1946.
Adapter La Belle et la Bête est une idée qui a germé dans l’esprit de Walt Disney dès les années 40. Mais il finit par abandonner l’idée car il juge l’histoire trop sombre et difficile à adapter.
Bien après la mort de Walt Disney, le projet ressort du placard dans les années 80. Il puise son inspiration à la fois dans le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont publié en 1757 et dans le film de Jean Cocteau de 1946 avec les acteurs Josette Day et Jean Marais.
Plusieurs scénarios sont alors proposés. Certains sont jugés trop obscurs ou trop sérieux, ne retrouvant aucune qualité de ce qui a fait la réputation des dessins animés Disney. Certains mêmes n’ont plus grand-chose à voir avec le conte d’origine…
Les équipes sont régulièrement remaniées, la faute à des divergences de points de vue et des relations tendues au sein du groupe.
Il fallait repartir de zéro. La nouvelle équipe en place menée par Gary Trousdale et Kirk Wise. Ils reprennent le travail de leurs prédécesseurs qui étaient partis cinq jours en août 1989, en France, dans la vallée de la Loire, afin de s’inspirer du courant historique (architecture, mode, paysages…) qu’ils voulaient représenter dans le long-métrage.
Ils étudient les œuvres de peintres de style “rococo” tels que Jean-Honoré Fragonard et François Boucher, et visitent les châteaux de Chambord, Chenonceau, Azay-le-Rideau, Blois et Chaumont. Les américains découvrent alors la culture française d’une époque à travers des textures, des lumières, des tableaux, des odeurs…qu’ils n’avaient alors pas imaginé à travers le livre de contes et le film éponyme. Ils se sont inspirés de tout ce qui s’offrait à eux.
Certaines peintures du château de la Bête illustrent vaguement des œuvres de peintres tels que Rembrandt ou encore Francisco de Goya. La grande bibliothèque du château que la Bête fait découvrir à Belle fait référence, par exemple, à la bibliothèque du Palais national de Mafra au Portugal ou encore à l’Abbaye d’Admont en Autriche.
Pour la musique, Alan Menken et Howard Ashman rejoignent l’équipe déjà en place.
Alors que Howard Ashman travaillait sur un autre projet qui lui tenait à cœur (la comédie musicale d’Aladdin), malade du sida, il apprend que la maladie dégénère mais accepte tout de même de se joindre au projet.
Il est malheureusement décédé durant la préparation du film et c’est à juste titre que celui-ci lui a été dédié. À la fin du long-métrage on peut donc lire :
“To our friend, Howard, who gave a mermaid her voice and a beast his soul, we will be forever grateful.”
(À notre ami, Howard, qui a donné sa voix à une sirène et son âme à une bête, nous serons pour toujours reconnaissants).
Les décors évoluent, l’histoire change, ainsi que les personnages qui sont un des points forts de ce film.
Après le succès de La Petite Sirène, c’était un réel challenge de créer une nouvelle héroïne Disney à la hauteur d’Ariel. Pourtant Belle est tout aussi adorée du grand public et est sans doute l’une des princesses des plus matures et des plus déterminées. C’est elle aussi la première princesse Disney ayant une chevelure brune.
Le personnage de la Bête est incontestablement un des plus aboutis du film et a une palette d’émotions bien plus développée que celle de Belle par exemple.
Dessiné par six animateurs supervisés par Glen Keane, la Bête est une créature hybride s’inspirant de plusieurs parties anatomiques d’animaux : la crinière d’un lion, la forme du crâne et la barbe d’un buffle, les défenses et le groin d’un sanglier, les yeux d’un gorille, le corps d’un ours, les pattes arrières et la queue d’un loup.
Son nom n’est jamais mentionné dans le film, mais la Bête (ou le prince) se prénomme Adam.
Dans un passage, on peut apercevoir une référence au film Le Magicien d’Oz : quand la Bête s’apprête avant de rejoindre Belle dans la salle de bal, le portemanteau le coiffe comme le lion peureux dans le film de 1939.
Pour bien marquer leur marginalité avec les villageois, les personnages de Belle et de la Bête sont les seuls à porter du bleu dans le long-métrage.
Le vilain de l’histoire se prénomme Gaston. Le ténor à l’apparence de séducteur se révèle imbu de sa personne et est prêt à tout pour épouser Belle.
Il est en parfaite contradiction avec la Bête qui révèle clairement la morale de l’histoire : “la véritable beauté vient du cœur”.
Ensuite, une pléiade de personnages secondaires hauts en couleurs vient agrémenter le récit : il y a notamment Lumière le majordome, incarnant le savoir-vivre à la française, Big-Ben la pendule et intendant du château, Mrs Samovar la théière gouvernante, Zip la petite tasse, Maurice (le père de Belle) et bien d’autres…
Dans une des premières versions du scénario, Belle avait pour confidente une boîte à musique. Mais l’idée fût abandonnée à l’avantage de Zip, qui à l’origine n’avait qu’une seule réplique dans tout le film. C’est lorsque Bradley Pierce a été choisi pour prêter sa voix à Zip, que l’histoire a été retravaillée pour laisser plus de place à son personnage. Il est aussi le seul personnage du château à tutoyer Belle.
Devancé par Bernard et Bianca au pays des kangourous (1990), La Belle et la Bête est le deuxième long-métrage Disney à utiliser intégralement le système Computer Animation Production System (CAPS). C’est un procédé visant à encrer et à peindre des séquences d’animation filmées par caméra numérique.
Grâce à cette technique, la durée de la mise en animation diminue et passe de 2 ans au lieu de 4 ans habituellement.
Près de 600 animateurs et techniciens ont contribué au projet, répartis majoritairement en Californie mais aussi en Floride.
L’équipe a mis un point d’honneur à apporter plus de réalisme dans l’animation. Notamment dans la scène de la salle de bal qui semble se matérialiser à l’écran : les animateurs ont entièrement créé un décor en 3D donnant une libre expression aux personnages qui évoluent dans cette scène. Les mouvements de caméra sont inédits et n’avaient jamais été utilisés pour un dessin animé auparavant.
Autre scène magique avec la chanson “C’est la fête” : la technique de multiplication des couverts et des assiettes a été entièrement réalisée par ordinateur.
Au milieu des montagnes et des forêts, Belle est une jolie jeune fille qui vit dans un petit village français avec son père, Maurice. Elle ne se sent pas à sa place et se sent plutôt à l’étroit dans cette vie qu’elle trouve sans perspectives. Au village, on la trouve bizarre, « toujours l’air absent ou plongée dans ses romans ». En effet, Belle est passionnée de lecture et rêve d’aventure à travers ses livres.
Loin d’être le fou du village, comme les villageois veulent le laisser croire, son père est un grand inventeur et vient de mettre au point une nouvelle invention qu’il va présenter à la foire organisée par un village voisin.
Maurice, accompagné de son cheval Philibert, traverse une forêt et dans la nuit qui tombe, il finit par prendre le mauvais chemin et se perd dans le brouillard. Dans la pénombre, tout se ressemble, il déambule avec Philibert parmi les arbres dénudés par l’hiver. Des loups les prennent en chasse.
C’est alors que les deux malheureux, à toute hâte, tentent d’échapper à la meute qui les talonnent. La peur a fini par gagné Philibert qui finit par s’enfuir, laissant Maurice à son triste sort.
Épuisé, Maurice dans sa fuite, arrive aux pieds d’un gigantesque château caché au fond des bois. C’est sa chance ! Il entre dans le château et demande de l’aide.
Il ne trouve pas âme qui vive, à part de drôles d’objets animés tels qu’un chandelier, une horloge et une théière qui accueillent le vieil homme.
Soudain, le maître des lieux fait son apparition, terriblement offusqué de trouver un étranger en sa demeure. Maurice apeuré tente de s’expliquer, mais le maître s’impatiente et enrage… Maurice l’a bien remarqué : il ne s’agit pas d’un humain face à lui, mais d’une bête ! Un véritable monstre qui enferme Maurice au cachot en punition de s’être introduit dans son château.
Belle voit Philibert revenir seul et agité. Paniquée en imaginant ce qui a pu arriver à son père, elle lui demande de la conduire là où il a vu Maurice pour la dernière fois. Philibert retrouve le chemin et à son tour, Belle pénètre dans l’effroyable résidence…
Va-t-elle retrouver son père ? Va-t-elle rencontrer la Bête ? Laissez-vous emporter dans ce « conte vieux comme le monde » plein de mystère, de magie et d’amour, ponctué de chansons inoubliables !
Pour la première fois, les studios Disney présentent au Festival du Film de New York une version inachevée. En effet, le film est composé de scènes définitives et de passages en story-board, sans couleur, ni musique.
Malgré cela, le film reçoit une standing ovation d’environ 10 min à la fin de la diffusion, ce qui laisse pressentir un succès lorsque celui-ci sera enfin terminé.
En novembre 1991, c’est la sortie officielle aux États-Unis et c’est un carton planétaire au box-office ! La critique souligne le travail titanesque plus que soigné des studios Disney, de quoi rendre très fier le père fondateur.
Les recettes s’élèvent à 145 millions de dollars, ce qui est colossal et surtout du jamais vu à l’époque pour un film d’animation.
En France, la situation est mitigée. Le film n’est pas acclamé comme outre-Atlantique, sans doute déçue de ne pas avoir plus de références au film de Jean Cocteau, la critique se veut amère. Mais le public est tout de même au rendez-vous et se presse pour aller découvrir le film dans les salles obscures.
La Belle et la Bête n’a jamais eu le privilège de concourir dans la catégorie légendaire du « meilleur film ». La création de la catégorie du Meilleur Film d’Animation par l’académie des Oscars date de 2001.
Suite à cet immense succès, le film se voit gratifié en ayant sa propre comédie musicale, nommée Beauty and the Beast : Live on Stage. Elle sera d’abord jouée dans le parc Disney’s Hollywood Studio en Floride à partir du 22 novembre 1991. Elle sera ensuite adaptée à Broadway (New York) dès avril 1994.
En 2002, le film fait son grand retour au cinéma puisqu’une ressortie a eu lieu dans les salles équipées d’écran IMAX. A cette occasion, une nouvelle scène a fait son apparition avec la chanson « Humain à nouveau ». Écrite par Howard Ashman et Alan Menken, elle n’avait pas été retenue pour la version finale à l’époque.
En 2017, c’est la talentueuse Emma Watson qui incarne Belle dans le film du même nom en prises de vues réelles. Le film se place parmi les plus gros succès du box-office de tous les temps.
Malgré un succès mondial, la Belle et la Bête n’est pas énormément représenté sur l’ensemble des parcs Disney dans le monde, à l’exception de quelques spectacles et parades. Depuis le printemps 2020, le parc Tokyo Disney Resort a remédié à cela. Le parc a créé une attraction mettant à l’honneur l’univers de la Belle et la Bête (parcours scénique, restaurant, boutiques…).
C’est « un conte vieux comme le monde ». Mais La Belle et la Bête est un long-métrage qui a touché plusieurs générations ; il continue d’émerveiller petits et grands depuis bientôt 30 ans ! À l’occasion, nous espérons pouvoir faire « la fête » comme sait si bien le faire Lumière !
La Belle et la Bête est à voir ou à revoir sur Disney+.
Si vous voulez aller plus loin dans cet univers enchanteur, n’hésitez pas à lire le livre « Twisted Tale : Histoire éternelle » de Liz Braswell dont vous retrouverez ma critique ici.
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