Le 24 mai 2023, La Petite Sirène est sortie pour la deuxième fois sur nos Ă©crans de cinĂ©ma. RĂ©alisĂ© par Rob Marshall, le film en prise de vue rĂ©elle est une rĂ©adaptation du conte de Hans Christian Andersen, ainsi que du dessin animĂ©Â La Petite Sirène des Studios Disney (sorti en 1989).Â
Je n’y allais pas avec d’attentes particulières, ayant été déçue par les derniers live-actions (Cruella, Pinocchio, Peter Pan, etc.). Pourtant, je suis sortie le sourire aux lèvres et des étoiles dans les yeux : j’avais de nouveau 4 ans et je redécouvrais l’histoire qui m’avait tant émue sur VHS. Certes, ce n’est pas un grand film d’auteur et ça tombe bien… Parce que ce n’est pas ce qu’on lui demande. Mais le fait est que l’on passe un beau et agréable moment… Je m’explique ! Attention, la critique contient quelques spoilers…
Inutile de revenir sur le pitch car chacun et chacune connaĂ®t l’intrigue par cĹ“ur. Aussi, le film reste fidèle Ă l’histoire du dessin animĂ© tout en incorporant quelques subtilitĂ©s.Â
Tout d’abord, il débute sur une citation du conte originel écrit par Hans Christian Andersen : « Une sirène n’a pas de larmes, donc elle souffre d’autant plus. »
Cette phrase est loin d’être anodine car elle rĂ©active l’aspect tragique du personnage de la petite sirène que l’on avait perdu dans le dessin animĂ©. Et en effet, un spectateur attentif ne verra aucune larme perler sur les joues d’Halle Bailey jusqu’à ce que celle-ci ne devienne humaine.Â
Le pacte d’Ursula propose Ă©galement une surprise d’envergure. En effet, quand Ariel se transforme en humaine, celle-ci oublie instantanĂ©ment la condition sine qua non qui lui permettra de conserver ses jambes : embrasser le prince Éric. Ainsi, la princesse est bel et bien amoureuse de lui mais toutes ses intentions sont innocentes et non intĂ©ressĂ©es. C’est une subtilitĂ© d’écriture intelligente qui permet de rendre les relations entre Ariel et Éric beaucoup plus authentiques.Â
D’ailleurs, l’amour entre les deux personnages apparaît ici beaucoup plus construit. Ils échangent de vrais moments de complicité et se ressemblent bien plus que dans le film d’animation. En effet, à l’instar d’Ariel, Éric est un grand curieux, avide de découvertes et d’aventures. La seule petite ombre au scénario est l’incursion d’un nouveau personnage : celui de la mère d’Éric (absente dans le film d’animation). Ses interventions n’apportent rien de plus à l’intrigue, si ce n’est pour accentuer le côté Roméo et Juliette de nos amoureux.
Note : 4/5
La rĂ©alisation est efficace : très peu de longueurs et la part belle est donnĂ©e Ă l’action. De plus, de nombreux plans sont identiques Ă ceux de la version animĂ©e, pour le plus grand bonheur des fans de La Petite Sirène.Â
Ă€ la sortie du teaser, le film a accusĂ© de nombreuses polĂ©miques notamment celle qui reprochait la prĂ©sentation de fonds marins trop sombres. Je n’ai personnellement pas eu ce sentiment. L’atmosphère est sombre et angoissante quand elle est au service de l’intrigue. C’est donc le cas lors de la visite d’Ariel dans le château d’Ursula. Ce dernier Ă©tant, soit dit en passant, encore plus macabre que dans la première version puisque l’on devine un squelette de sirène sur le sol. En revanche, la sĂ©quence de la chanson « Under The Sea » est festive et colorĂ©e.Â
La seule ombre Ă dĂ©noter serait la qualitĂ© des effets spĂ©ciaux qui n’est pas toujours très heureuse. En effet, certains plans très cheap rompent la magie du cinĂ©ma. C’est aussi le cas pour SĂ©bastien, Polochon et EurĂŞka qui apparaissent fades et artificiels… Et que dire d’un oiseau qui peut respirer sous l’eau ? Oui, les compagnons d’Ariel sont pour moi le gros Ă©chec de ce film. C’est dommage car le duo EurĂŞka/SĂ©bastienfonctionne plutĂ´t bien et fait office de ressort comique. En revanche, le rĂ´le de Polochon se rĂ©duit Ă peau de chagrin.Â
Note : 3/5
Nous arrivons sur l’un des aspects du film qui fait couler tant d’encre numérique sur les réseaux sociaux. Je rappelle, à toutes fins utiles, et pour les puristes en mal de justesse, que le conte d’Andersen décrit la petite sirène comme ayant une peau transparente. Il n’y a donc pas de vraie ou de fausse Ariel ici. Fin de la discussion. Il n’est nullement question de remettre sur le tapis ce débat stérile.
Halle Bailey fait montre d’un talent indĂ©niable. Elle arrive Ă faire vivre les personnages en images de synthèse qui l’accompagnent dans les scènes nombreuses oĂą elle est seule avec eux. Sans verser la moindre larme (puisque les sirènes en sont incapables), elle vĂ©hicule tout un panel d’émotions, notamment Ă travers sa voix chaude et cristalline.Â
Ursula, sous les traits de Melissa McCarthy, est formidable. Elle incarne de manière vibrante le personnage que l’on aime tellement détester. Son alter ego, Vanessa est également brillamment interprétée par une Jessica Alexander, cruelle et dangereuse.
Javier Bardem est un roi Triton crĂ©dible. Il porte plutĂ´t bien l’autoritĂ© et la barbe.Â
La prestation de Jonah Hauer-King pour le rĂ´le d’Éric est… correcte. Son jeu n’est pas mirobolant, surtout face Ă Â Halle Bailey. Mais ses yeux et ses chemises ouvertes sauront très certainement dĂ©vier l’attention des spectateurs.Â
Note : 3/5
Le film reprend la plupart des chansons de la version animĂ©e. Nous retrouvons donc avec plaisir :Â
Seules la chanson du rĂ©cital par les 6 sĹ“urs d’Ariel et celle du cuisinier Louis (absent du film) ne figurent pas dans la version live-action.Â
Les chansons sont magnifiquement interprétées et j’avais du mal à ne pas chanter les paroles au cinéma ! Petit bémol sur « Pauvres âmes en perdition », plus lente et plus jazzy, que j’ai un peu moins appréciée.
Mais ce n’est pas tout ! La surprise réside dans la création de nouvelles chansons :
Si la chanson d’Éric et la prestation (un peu kitsch il faut bien l’avouer) dans « Wild Uncharted Waters » nous ont arraché à une amie et moi un fou rire incontrôlable, je suis tombée sous le charme de « For the First Time » et « The Scuttlebutt ». La première évoque les airs des comédies musicales de Broadway tandis que la seconde oppose Sébastien et Eurêka dans un hip-hop endiablé. Pas de doute, nous reconnaissons bien là la patte moderne de Lin-Manuel Miranda, salué pour son travail sur Encanto.
Note : 4/5Â
Pour rĂ©sumer, le film est une rĂ©ussite dans le sens oĂą il transpose bien la magie dans notre monde rĂ©el. Nous retrouvons nos chansons et nos personnages avec plaisir. Plus long que son grand frère de 1989, le film prolonge la magie et creuse les personnages. Certes, il aurait pu ĂŞtre encore mieux avec la fermeture de tous les arcs narratifs Ă©voquĂ©s, des images de synthèse de meilleure qualitĂ© et un prince Éric moins lisse. Toutefois, le contrat est tenu et ce live-action se range parmi les meilleurs (derrière Cendrillon et Aladdin selon moi). Aussi, si naufrage, il y a, c’est seulement du cĹ“ur des spectateurs qui chavire (et les souvenirs pour les plus vieux grands d’entre nous).Â
Note globale : 14/20Â
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