Détourner ou réinterpréter les contes de fées de nos aïeux a été le grand défi de Walt Disney. Or, depuis quelques années, de nombreuses séries ou films choisissent de rendre hommage aux classiques Disney en les revisitant.
C’est ainsi que Hachette Heroes a publié de nouveaux romans issus d’un projet éditorial inscrit dans l’air du temps.
Les romans Twisted Tale proposent en effet d’explorer le champ de fins alternatives des grands classiques. L’éventail de titres est alléchant : de la Belle au bois dormant à la Reine des neiges en passant par Aladdin, les romans présentent chacun leur récit à travers le prisme d’une question essentielle. À l’occasion d’Halloween, pourquoi ne pas tenter l’expérience ?
J’ai porté mon choix sur Il était un rêve écrit par Liz Braswell, pour mon amour pour le personnage de Maléfique. J’ai pensé qu’un dragon offrait définitivement de belles perspectives pour un récit alternatif.
Le roman débute sur la fin du combat opposant Maléfique et le prince Philippe. Toutefois, le baiser du prince, au lieu de réveiller la princesse, le fait plonger lui aussi dans un sommeil profond. Nous pénétrons alors dans l’esprit et l’inconscient cauchemardesque d’Aurore. La jeune fille devra lutter contre ses propres démons afin de vaincre ou non la puissante Maléfique.
Loin de la princesse réservée et sans défense du dessin animé, l’auteur s’attache à la rendre plus humaine et avec du caractère. En effet, elle se montre forte et maîtresse de son destin tant et si bien que le prince Philippe en est réduit à peau de chagrin. Dans une volonté féministe, elle dépasse les dons conservateurs
que les fées lui ont offert au-dessus de son berceau. La belle Aurore au chant si gracieux parvient à conquérir le lecteur avec sa bravoure, son intelligence et sa compassion. 3 qualités qui ne sont pas sans rappeler les vertus portées par les chevaliers dans les quêtes médiévales.
Là encore, le personnage de Maléfique apparaît travaillé, nuancé. Sans doute pour aller dans le sens des deux films, la puissante sorcière n’incarne plus le Mal absolu. L’auteur voit l’occasion de l’étudier plus avant au moyen d’une analyse psychologique un peu plus poussée, quoiqu’un peu abrupte et naïve. Quoiqu’il en
soit, les rapports qu’entretiennent la princesse et la fée sont exploités de manière intéressante et créent une réelle profondeur aux personnages.
Il n’est plus le sauveur de la princesse mais est censé incarner le ressort comique du roman. On arrive, selon moi, à une des faiblesses du récit. L’auteur, afin de valoriser au maximum son héroïne, a grandement ridiculisé le personnage masculin. Ce n’était pas nécessaire à mon sens car Aurore possède assez de qualités pour l’identifier au personnage fort. Le prince apparaît ici comme un être singulièrement agaçant, pas très malin et franchement obsédé à l’idée d’embrasser la jeune fille. Le tableau n’est pas reluisant… Le lecteur en est même à se demander comment Aurore peut ressentir une quelconque affection pour lui. C’est
dommage. Alors que le récit aurait pu suivre les péripéties de deux jeunes gens aux forces égales, le duo est brinquebalant et la princesse se voit affublé d’un boulet royal. Pauvre Philippe !
Le trio des fées : Les fées sont des personnages particulièrement intéressants dans le roman. Bien plus que des alliées, leur rôle métaphorique aide la princesse dans sa quête intérieure.
La structure du roman semble très peu travaillée. Les événements se succèdent un à un sans donner de véritable sens à l’ensemble. Cela donne l’impression au lecteur d’errer à travers les pages de l’histoire. Les ripostes des héros semblent souvent trop « faciles » et l’excuse du rêve ne suffit pas à raviver la tension et le
suspens. La teneur gothique et romantique qui émane du dessin animé aurait pu être exploitée afin de donner au roman aune empreinte, une atmosphère particulières. Ce n’est malheureusement pas assez exploité.
Pour conclure, c’est un roman qui se lit facilement. Il propose une réécriture intelligente et intéressante du dessin animé. La plus grande réussite réside surtout dans le personnage d’Aurore qui était presque à construire entièrement, tant elle est effacée dans l’oeuvre de Walt Disney. Malgré une structure brinquebalante, l’auteur tient le pari en livrant une fin alternative cohérente.
On aime | On n’aime pas |
Le personnage d’Aurore | Le traitement réservé à Philippe |
La relation entre Maléfique et la princesse | L’absence de réelle atmosphère |
Les multiples références au Disneyverse | Le manque de suspens |
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