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The Walt Disney Company et Disneyland Paris
 toute une histoire

Disneyland Paris vit actuellement une pĂ©riode capitale pour son devenir, ce n’est certes pas la premiĂšre, mais probablement l’une des plus importantes, sinon la plus importante depuis sa crĂ©ation. L’Opa est dans toutes les tĂȘtes. De sa rĂ©ussite dĂ©pend l’évolution du resort. Du point de vue d’un simple fan, elle avance lentement, trĂšs lentement, Ă  peine 1 % en trois semaines


Une fois cette Ă©tape franchie, si le succĂšs est au rendez-vous, nous pourrons envisager sereinement le futur du resort. Disneyland Paris intĂ©grera pleinement la division Park and Resort de la TWDC, mĂȘme si la sociĂ©tĂ© reste une sociĂ©tĂ© de droit français. Mais sa gestion opĂ©rationnelle se rapprochera des resorts amĂ©ricains.

Le retour aux standards Disney

Les premiers jalons ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© posĂ©s avec le programme DLP2020 (qui est en fait la Phase 2 du programme de RĂ©-Enchantement) et le dĂ©ploiement de Marvel aux Walt Disney Studios (dont les premiers signes sont dĂ©jĂ  là : CinĂ©magique) sans oublier l’annonce d’un E-ticket pour 2024.

Tout n’est pas parfait, certes, le programme de rĂ©-enchantement a connu quelques ratĂ©s, le Big Thunder Mountain, L’arbre des Robinsons, It’s a small world, ajoutons Ă  cela des finitions « bĂąclĂ©es », beaucoup de peinture pour simplement masquer des problĂšmes plus profonds, de nombreuses choses qu’on attend toujours comme le retour de vĂ©ritables animations de rue, etc. Mais en deux ans, pouvait-on espĂ©rer mieux, aprĂšs plus d’une dĂ©cennie catastrophique ?

Mais, il y a toujours un « mais », qui peut dire que le Disneyland de 2017 ressemble Ă  celui de 2014, Ă  part ĂȘtre de mauvaise fois, personne. En deux ans et demi, les progrĂšs sont spectaculaires et de bon augure : accueil des CM, propretĂ© du parc, rĂ©habilitation rĂ©ussie comme Star Tours, retour des Shows etc. Le parc est beau, ça se voit.

Aux dĂ©buts des annĂ©es 2000 certains se rappelleront que le Disneyland Resort de 2004 Ă©tait dans un Ă©tat Ă©quivalent Ă  notre Disneyland Parc (par contre le reste du Resort Ă©tait flambant neuf, DownTown et le « particulier » Disney California Adventure n’avaient que 3 ans, lĂ  oĂč chez nous tout a vieilli et mal vieilli). Et il leur a fallu plus de 10 ans pour effacer toutes les cicatrices (et rĂ©inventer Disney California Adventure). Donc imaginez chez nous ! Le chemin parcouru est plus qu’encourageant.

Un mauvais départ

Les relations entre la filiale française et la maison mĂšre ont toujours Ă©tĂ© compliquĂ©es, jusqu’à un passĂ© rĂ©cent.

Retournons donc quelques dĂ©cennies en arriĂšre. Nous sommes dans les annĂ©es 90, le budget d’Eurodisney a totalement explosĂ©, lors de sa construction. Si Eisner donnait son feu vert pour chaque dĂ©passement de budget, il a reportĂ© la faute, de la mauvaise Ă©valuation du budget, sur ses collaborateurs et n’a jamais assumĂ© ses propres erreurs Ă  propos du resort Parisien.

Ajoutez à cela une méconnaissance totale du public européen dans les premiÚres années, un montage financier complexe (notamment dû à un méli-mélo de sociétés, il faut se rappeler que le montage a été imposé par le gouvernement français), et vous avez là plusieurs des causes du mauvais départ du parc.

Suite Ă  l’échec du lancement d’EuroDisney Resort, TWDC s’est complĂštement dĂ©tournĂ© du Resort Parisien. Le dĂ©cĂšs de Frank Wells en 1994, dans un accident d’hĂ©licoptĂšre (N° 2 et grand ami d’Eisner, et seule personne capable de le tempĂ©rer), n’a rien arrangĂ©. À partir de ce moment, Eisner assumera les fonctions de Wells, ce qui n’a pas jouĂ© en faveur de notre resort.

Il n’y avait plus aucun pilote dans l’avion (il Ă©tait mĂȘme interdit de citer le nom de Disneyland Paris en prĂ©sence d’Eisner, sous peine de colĂšre historique parait-il), Le parc Français s’autogĂ©rait avec des Ă©quipes locales qui faisaient un peu comme elles pouvaient, selon les moyens du bord, en totale improvisation .

En parallĂšle, au dĂ©but des annĂ©es 2000, P & R avait complĂštement perdu son Ăąme, les principes de story-line et de thĂ©matisations Ă©taient relĂ©guĂ©s aux oubliettes. Les Parcs n’étaient vus que comme de vulgaires centres commerciaux gĂ©ants oĂč l’Entertainment, les Attractions ou la Maintenance n’étaient vus que comme une source de dĂ©pense qu’il fallait juguler. Ces grosses coupes budgĂ©taires dans la maintenance ont eu des consĂ©quences dramatiques : accidents mortels aux Usa dus Ă  la politique de Paul Pressler. Les attractions Ă©taient en mauvais Ă©tat etc., etc. Paul Pressler sera renvoyĂ© suite Ă  cela, et P & R reviendra aux procĂ©dures Ă©tablies par Walt Disney


Le conseil d’administration de TDWC a accusĂ© Michael Eisner de ne pas rĂ©agir Ă  la baisse de frĂ©quentation des parcs. Sa rĂ©action fut de dĂ©cider l’ajout d’un parc supplĂ©mentaire pour chaque complexe Disney, seulement le budget n’a pas suivi : rĂ©sultat Ă©chec des Walt Disney Studios, Ă©chec de Disney California Adventure, Disney Animal’s Kingdom amputĂ© du land sur les animaux mythologiques (construit ensuite chez Universal) etc.

Du cĂŽtĂ© de Disneyland Paris nous sommes en 2003 et une restructuration de la dette abyssale (2,4 milliards d’Euro) devient vitale, il faut sauver le soldat Disneyland Paris. C’est AndrĂ© Lacroix qui a la charge de renĂ©gocier la dette avec les banques et la Walt Disney Company. Mission accomplie avec en prime un plan de d’investissement de grande ampleur, qui aboutira notamment Ă  l’ajout de « The Hollywood Tower Hotel ».

Vers le renouveau

Puis en 2005 arriva Iger, aprÚs une guerre interne comme Disney en connaßt de temps en temps. Roy Disney démissionne du conseil et fit tout pour pousser Eisner dehors.

Évidemment Disneyland Paris n’était pas la prioritĂ© du nouveau PDG. PremiĂšre mission, sauver les relations avec Pixar, dont la rupture Ă©tait presque consommĂ©e entre Job et Eisner. 1re rĂ©ussite pour Bob Iger, qui marquera le dĂ©but de plusieurs autres succĂšs, Pixar est rachetĂ© par Disney. Mais la route est longue il faut encore rĂ©inventer les Studios Disney, qui ont perdu son Ăąme (Rappelez-vous, Bienvenue Chez les Robinsons
), remettre d’aplomb Disneyland et Walt Disney World, etc.

Pour Disneyland Paris, pas de changement immédiat, certes, cependant le resort Parisien eu à nouveau droit de citer au sein de la Walt Disney Company. Nous sommes déjà en 2006.

C’est ainsi qu’arriva l’ùre Gas. À qui on pourra toujours reprocher beaucoup de choses mais qui mine de rien mis Ă  profit son temps dĂ©jĂ  pour faire survivre DLP jusqu’à ce que l’heure de sa reprise en main arrive (c’est le seul PDG Ă  ĂȘtre restĂ© en poste aussi longtemps), mais aussi pour tester les choses et permettre Ă  TWDC de redĂ©couvrir son public europĂ©en, ses attentes, ses goĂ»ts, ses besoins, etc. Tout est testĂ©, saison aprĂšs saison, beaucoup d’entertainment, pas d’entertainment, politique tarifaire etc.

Mais pas de chance, 2007 arrive avec la crise Ă©conomique la plus grave depuis 1929, le rĂšgne de Philippe Gas n’a de loin pas Ă©tĂ© sans difficultĂ©s et les moyens ultra-limitĂ©s de Disneyland PAris ont eu les consĂ©quences que l’on connaĂźt.

N’oublions pas que Gas devait nĂ©gocier avec 60 banques( Ratatouille et son retard
), que le budget « rĂ©habilitations et investissements » Ă©tait limitĂ© Ă  un certain pourcentage du chiffre d’affaire, loin d’ĂȘtre Ă  la hauteur des besoins. TWDC n’était alors pas en mesure d’aider, les forces Ă©tant dĂ©jĂ  concentrĂ©es ailleurs. Mais TWDCn’a jamais abandonnĂ© Disneyland Paris, mĂȘme s’il a fallu se contenter bien souvent de rustines.

Ce n’est finalement qu’à l’arrivĂ©e de Delcourt puis Wolber que les choses ont enfin pu commencer Ă  bouger et ĂȘtre mises en action avec le vĂ©ritable soutien de « Maman ». Mais nous sommes dĂ©jĂ  en 2014. La dette est de nouveau restructurĂ©e. Un abandon de crĂ©ances est consenti, et converti en actions. La dette de Disneyland Paris s’élĂšve dĂ©sormais Ă  950 000 000 millions d’euros environ. TWDC monte au capital de sa filiale et devient son seul crĂ©ancier, en lieu et place des 60 banques.

Quand aux prioritĂ©s de TWDC, stratĂ©giquement le cas « Disneyland Paris » n’était pas le plus urgent, il serait donc le dernier Ă  ĂȘtre rĂ©glĂ©, DĂ©cision logique car c’était aussi le problĂšme le plus lourd, coĂ»teux et complexe. Il est normal que l’équipe Iger ait pris son temps pour rĂ©flĂ©chir avant d’agir Ă  cela s’ajoutait la nĂ©cessitĂ© d’une Ă©claircie dans la conjoncture Ă©conomique europĂ©enne. Iger a lui aussi des comptes Ă  rendre Ă  ses actionnaires


Certes, il est possible de dire que Disneyland Paris est le dernier gros chantier que devait corriger Iger, qu’il a fallu attendre longtemps, mais nous y sommes.

L’idĂ©e initiale Ă©tait de sauver autant de meubles que possible (dans l’espoir de pouvoir enfin mĂ©caniquement rendre aux actionnaires ce qui leur Ă©tait du). Mais la vague d’attentats en Europe a fini d’achever Disneyland Paris, en lui faisant puiser dans ses ultimes rĂ©serves (au point que les 25 ans, que nous connaissons, ne sont qu’un ersatz de la grande cĂ©lĂ©bration qui Ă©tait prĂ©vue).

Il a fallu faire un choix, TWDC a pris le parti de suivre le chemin le plus rude (surtout pour les actionnaires), mais aussi celui qui aura le plus de chance de voir un avenir radieux pour Disnyeland Paris, puisqu’il mettra dĂ©finitivement le resort Ă  l’abri du besoin. Ce n’est plus qu’une question de temps.

The End?

Nous sommes littĂ©ralement Ă  la veille de NoĂ«l, ce n’est plus le moment d’arrĂȘter de croire au PĂšre NoĂ«l, et ce mĂȘme si Ă  dĂ©faut de cookies et de lait, celui-ci attend des actions Eurodisney Sca pour livrer ses cadeaux. 

La Walt Disney Company des annĂ©es 90 n’est pas la Walt Disney Company de 2017, sa puissance de feu est beaucoup plus importante. ValorisĂ©e Ă  60 milliards de dollars dans les annĂ©es 90, actuellement sa valorisation boursiĂšre tourne plutĂŽt autour des 200 milliards de dollars
 Elle a les moyens de ses ambitions pour notre resort, plus que lors de sa construction probablement.

Il est peu imaginable que TWDC se soit lancĂ© dans une telle opĂ©ration sans s’ĂȘtre assurĂ© du soutien de quelques gros actionnaires institutionnels entre l’annonce et le lancement de l’OPA. Au pire en cas d’échec, l’Opa pourra ĂȘtre retentĂ© d’an un an, TWDC s’étant engagĂ©e Ă  laisser un minimum de temps avant de relancer une opĂ©ration de rachat. N’oublions pas, non plus, qu’une augmentation de capital provoquerait une dilution de l’actionnariat des petits porteurs et mĂ©caniquement, une augmentation de la participation de la maison mĂšre.

Kinai

Disney et moi, c’est une longue histoire d’amour. Je suis tombĂ© dedans petit, et je n’en suis jamais ressorti. Du cinĂ©ma aux parcs d’attractions, en passant par l’histoire de Walt Disney Company, jusqu’aux BD, tout me passionne.

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